L’un de nos derniers bivouacs dans le Péloponnèse sera devant le joli château franc de Kastro. Nous y avons élu domicile après avoir entendu les cloches sonner un peu trop fort lors d’un premier arrêt sur la place de l’église (on ne se fera pas avoir deux fois !). Ce château fort, avec ses donjons et larges salles voutées, assurait le contrôle du territoire franc du centre du Péloponnèse au 13^ème siècle.

Après cette visite matinale, direction un petit camping au bord de la mer ionienne pour un marathon lessive (cinq en un après midi… qu’est ce qu’on regrette les petites laveries d’Amérique du Sud ou d’Asie, où il suffisait de laisser son linge et de le récupérer propre, sec et plié le lendemain !). Malia en profite pour faire un plouf dans une eau turquoise, mais plutôt froide… Rien ne l’arrête !

Nous traversons ensuite le détroit de Corinthe qui sépare le Péloponnèse du reste de la Grèce continentale par un nouveau pont construit pour les JO de 2004. Les paysages de ce côté ci de la Grèce sont tout aussi jolis que ceux que nous avons déjà traversés. Nous faisons halte dans le port de Galixidi qui comptait à son apogée au 19^ème siècle plus de 500 navires. Restent de cette époque de superbes maisons d’armateurs restaurées. Après avoir obtenu l’autorisation des gardes-côtes de dormir sur le port, nous nous détendons en terrasse un verre d’ouzo à la main, les bateaux et les montagnes enneigées en toile de fond, c’est le paradis !

A quelques kilomètres de là, entourés par les montagnes, se trouve selon la mythologie le « centre du monde ». En effet, Zeus fit décoller deux aigles à chaque extrémité de la terre qui se sont rencontrés ici, à Delphes. Le sanctuaire d’Apollon est le lieu où les grands des Cités-États venaient consultés les pythies, de jeunes femmes qui rentraient en transe afin de communiquer avec les Dieux, avant d’entrer en guerre ou d’envisager un long voyage. Comme beaucoup de sites antiques, il y a également un théâtre et un stade pour les jeux pythiques, culture et sport étaient bien au centre de la vie. Le musée attenant renferme les trésors qui embellissaient le site et qui ont été découverts au fil des fouilles.

Le centre de Delphes n’étant pas fait pour bivouaquer, nous continuons à pendre un peu de hauteur pour arriver à la station de ski d’Arachova. Pas assez de neige pour chausser des skis mais par contre l’ambiance montagnarde est bien là !

Le « clou » de notre séjour Hellénique sera sans contexte le site des « Météores », énormes conglomérats de sédiments formés sous l’effet de l’érosion et des secousses sismiques.  Au 14^ème siècle, des moines qui jusqu’alors vivaient dans les cavités rocheuses de ces édifices ont décidés de bâtir leurs monastères perchés au sommet de ces rochers pour échapper aux envahisseurs et se rapprocher de Dieu. Le résultat est absolument étonnant. Nous prenons un vrai plaisir à visiter les six monastères encore en activité et qui demandent un peu de grimpette (les moines, eux, ont leurs téléphériques persos !). Certaines « coutumes », comme garder les cranes des anciens pensionnaires étonnent beaucoup les filles. Ces gros rochers sont surtout un superbe terrain de jeu pour nos grimpeuses ainsi que pour des amateurs d’escalade un peu plus chevronnés.